Les morts ne pleurent pas

2019-2022

Série de photos

Dans les sous-sols des pompes funèbres se trouvent des corps à qui l’on accorde des soins post-mortem. Ces corps, ces personnes, je ne les connais pas. Nous faisons connaissance dans la plus grande intimité, à peine quelques heures après leur décès. À la différence de ceux qui les côtoient par leur métier lié au funéraire, moi, je suis simplement là. Présente, dans ce moment de flottement entre la tristesse des proches à la nouvelle du décès et les funérailles.

Dans ce moment suspendu, je ressens un sentiment d’inquiétante étrangeté en voyant ces corps allongés sur la table métallique et froide. Une forme d’ambiguité se crée. D’autant plus lorsque les pacemakers retirés continuent, même hors du corps, à donner l’alerte, ou lorsqu’une goutte qui ressemble à une larme s’échappe de l’oeil d’un mort.

Comme le décrit Maurice Blanchot dans son livre L’espace littéraire : « L’image, à première vue, ne ressemble pas au cadavre, mais il se pourrait que l’étrangeté cadavérique fût aussi celle de l’image ».


Vidéo: https://vimeo.com/850154976/22a4ce83ba